Jules Tacheny a toujours voué une passion sans bornes pour les side-cars, leurs pilotes et leurs passagers, les « singes ». Aujourd’hui, on ne voit plus que trop rarement ces drôles d’équipages, sur leurs drôles d’attelage.

Le side-car, c’est pourtant une discipline magique. Toujours spectaculaire. Imaginez ces motos d’un autre âge, littéralement pliées dans les virages, avec leur passager démantibulé, basculant tout leur corps dans le vide, pour permettre à l’attelage de mieux adhérer (ou de ne pas « tirer droit » ou, pire encore, se retourner).

Et puis, quelle complémentarité. Pas un geste de trop, sauf quelques malheureuses fois. Le dosage du contrepoids. Un coude, une jambe, la tête quelques fois au ras du sol, à quelques centimètres des pieds des spectateurs, venus les admirer…

Ces binômes ont laissé d’impérissables souvenirs : Edison, l’enragé. Son vrai nom était Cyprien Moenens et avec son « singe », un anglais appelé Clarke, ils avaient révolutionné l’art du pilotage en side-car. Clarke, complètement « outside » et Edison, lâchant le guidon d’une main pour se renverser le corps dans le side, tout en guidonnant d’une poigne unique mais ferme ; Oliver, l’anglais volant ; Vandenschrik, toujours à l’attaque ( et qui faillit bien tout perdre en 1950 à Francorchamps…).

Cette galerie photos est dédiée à ces fous volants, qui ont marqué tant de courses.

Ces acrobates ont tellement fait rêver Jules Tacheny qu’à l’approche de ses 70 ans, inquiet de la faiblesse de son pied et de son incapacité à « tenir droite » sa moto à l’arrêt, celui-ci décidait de fabriquer son propre attelage.

Et alors, ce qu’il aimait par-dessus tout, ce qu’il appréciait particulièrement, c’était de partir, pour un tour du circuit de Mettet, en se tenant en équilibre avec le berceau surélevé, flottant dans l’air !

« Tout un temps, c’était devenu son habitude, raconte un mécanicien. Il avait plus de 75 ans alors. Tous les jours vers 12 heures 30, il démarrait et, attelage balancé, à vive allure, il faisait un ou deux passages devant le garage familial. Les automobilistes, effarés, s’arrêtaient sur le côté de la route et assistaient gratuitement au spectacle de Jules. Même le conducteur du bus participait à la fête et rangeait son véhicule sur les bas côtés, quelques instants. Cela méritait bien 10 minutes de retard sur l’horaire à Fosses-la-Ville