Patron d’un garage depuis qu’il a 25 ans, Jules Tacheny « profite » de son excellente réputation de pilote pour faire marcher ses affaires. Il est concessionnaire de marques aussi prestigieuses que FN et Austin, Hudson et Jaguar, importateur des motos Norton en 52, des pneus Avon en 54, des motos Royal Enfield en 56.

Et en 1956, un nouveau rêve refait surface. Pourquoi ne pas relancer la production de motos de course belges ? La F.N. est toujours là et Jules Tacheny est en étroite relation avec l’ingénieur du service compétition de Norton – Joe Craig.

Plusieurs lettres s’échangent, des contacts se nouent. Le comité de la F.N évoque le sujet. Pourquoi pas ? Une rencontre est même organisée entre les responsables de la F.N. et Joe Craig. Mais l’ingénieur anglais décède quelques mois plus tard…

Jules Tacheny trouve indéniablement en sa nouvelle épouse, Claudine, une associée de talent pour l’épauler à la fois dans son garage et dans sa fonction de Président de l’Union Motor de l’Entre-Sambre et Meuse. Cette jeune fille, native bien sûr de Mettet, a été recrutée par le Club pour s’occuper de la comptabilité. Elle prend soin de Jules - veuf depuis 1952 - et de sa fille Lucy, âgée alors de 15 ans. Nous sommes en 1953.

Autant lui est fonceur, exubérant et entreprenant, autant Claudine est discrète, pondérée et terriblement efficace !

« Il avait du bon sens et il était un précurseur dans l’âme, raconte avec admiration Claudine. Il avait toujours une longueur d’avance sur les autres. On venait régulièrement le consulter.

Fin des années cinquante, nous avons eu la visite de représentants japonais d’une marque encore inconnue, Honda. Peu de monde croyait en leur succès commercial et à dire vrai, personne ne voulait représenter des machines fabriquées par les « méchants » japonais.

N’oubliez pas que les souvenirs de la guerre étaient encore fort présents dans les esprits. Jules les a accueillis à Mettet et a testé une de leurs motos sur le circuit. Au terme de l’essai, littéralement ébloui par l’engin qu’il venait de piloter, il descendit de moto et dit « C’est bon, je prends » !

C’est ainsi qu’en 1959 nous sommes devenus les premiers importateurs de la marque Honda pour la Belgique et le Luxembourg.

Une fois de plus, il avait flairé juste. En moins de quelques mois, la gare de Mettet était réaffectée pour accueillir les livraisons de motos qui se vendaient déjà à raison de plusieurs par jour !!

Plus tard, mon mari fut d’ailleurs invité au Japon et reçu très officiellement par Monsieur Soichiro Honda en personne, des mains duquel il reçut un diplôme d’honneur en remerciement pour son travail et ses efforts dans l’introduction de ses produits en Europe.

Mais plus tard, quand il a fallu choisir d’implanter son garage dans une grande ville pour faire prospérer les ventes, il refusa par amour pour son village et son club.

Il me disait : je préfère être roi dans mon village… »