Depuis toujours, le fil conducteur du circuit de Mettet, c’est la course de vitesse pure de moto, discipline dans laquelle a toujours excellé Jules.

Il sera également Directeur de course du Circuit de Floreffe, où, malheureusement, il donnera le départ de la dernière course de son grand ami Fergus Anderson

De 1950 au milieu des années 70, Jules Tacheny et son équipe, notamment Monsieur André Demeuse, son Directeur sportif, n’auront de cesse que d’amener chaque année à Mettet, les plus grands noms du sport motocycliste mondial.

Chaque année, dorénavant, le pilote qui se sera le mieux distingué lors de la journée se verra aussi attribuer le « Grand Trophy », une récompense attribuée par un Jury présidé par le Prince Alexandre de Mérode (qui fut également Président de la Commission médicale du Comité Olympique International).

Le club peut ainsi épingler au palmarès du Grand Trophy les noms de Fergus Anderson, Oliver, Leslie Graham, Bill Lomas, Geoff Duke, Chadwick, Surtees, Provini et plus tard le multiple champion du monde Giacomo Agostini, mais aussi les mythiques Chas Mortimer, Jarno Saarinen, Johnny Cecotto, Katayama, Hideo Kanaya, Barry Sheene, Phil Read…etc.

Didier de Radigues, un de nos grands pilotes belges de moto qui fut notamment Vice Champion du Monde en 350cc, a lui aussi rencontré Jules Tacheny. Entre autres souvenirs, il se rappelle de cette émission de télévision à RTL au Luxembourg. C’était dans les années 80. A peine âgé d’une vingtaine d’années, Didier se retrouvait face à un « vieux monsieur » passionné et passionnant, qui avait un côté très paternaliste envers les jeunes pilotes.

« Pour me concentrer dans mon dernier tour, lui racontait Jules Tacheny, je récitais un « je vous salue Marie ». Et de Radigues de répondre « mais je n’aurai pas le temps de terminer ma prière avant la fin du tour ! »

Deux époques opposées, deux mondes différents se côtoyaient ce jour-là, mais animés par une même passion du sport.

« Le mot sécurité n’existait pas dans les années 30 et 40, précise Didier. Les pilotes étaient de véritables trompe-la-mort ! Lorsque moi-même je courais, j’ai connu personnellement plusieurs pilotes qui se sont tués. Mais c’était la fin d’une époque… heureusement désormais révolue. Aujourd’hui, il existe un tel niveau de sécurité en course que les accidents graves sont devenus extrêmement rares ; en fait, bizarrement, on se tue plus vite sur la route que sur un circuit…
En 1992, à la demande des pilotes de Grand Prix, j’ai créé une association qui avait pour objectif d’être leur porte-parole dans le cadre des réunions avec la Fédération Motocycliste et les Organisateurs. Cette association existe toujours et c’est encore le premier représentant des pilotes, Franco Unsini (ancien champion du monde italien sur 500 cc en 1982), qui participe aux réunions et incite les organisateurs de Grands Prix à plus de sécurité. Le sport moto a énormément évolué. »


Joël Robert - sextuple Champion du monde de moto-cross entre 1963 et 1972 et considéré comme « l’enfant terrible » du moto cross en Belgique - se souvient bien de Jules Tacheny.
A l’âge de 7 ans déjà, Joël possèdait une Gillet 125cc. Deux ans plus tard, il la transformait avec un réservoir de Triumph et améliorait la carburation avec un des meilleurs « carbu » du début des années 50, celui de l’Oiseau Bleu de chez Saroléa (Herstal).
Nous sommes en 52, Joël a 9 ans ! Et son père roule en vitesse pure dans des courses de moto de série. C’est à cette occasion qu’il rencontre Jules Tacheny.

« Je voue une réelle admiration pour ce précurseur de la vitesse, confie Joël Robert. Tacheny a été un très grand motocycliste qui, avec ses comparses de l’époque, pulvérisait littéralement de multiples records dont certains n’ont jamais été égalés jusqu’ici !

Il fallait vraiment être mordu à cette époque-là, être à la fois un très grand pilote et un bon mécanicien pour se lancer sur des circuits… qui n’en avaient que le nom. C’était très dangereux et cela relevait véritablement de l’exploit !
Grâce à tous ces pionniers, ce sport a connu des développements extraordinaires et on ne peut être qu’admiratif. Personnellement, j’ai connu Jules Tacheny comme organisateur quand il était passé de l’autre côté de la barrière : d’abord dans les années cinquante, quand mon père courait à l’époque, et puis, à partir des années soixante, quand je participais au motocross des Bosseuses de Mettet. Il a beaucoup fait pour son circuit et grandement contribué pour la sécurité des pilotes et des spectateurs. Nous lui devons beaucoup ! »


Mettet s’est illustré également par diverses organisations, comme le moto-cross des Bosseuses, les 1000 km de Mettet, beaucoup de concentrations nationales et internationales et même plus tard des compétitions automobiles et de nombreux championnats de Belgique en cyclisme !

C’est surtout à cette époque que Michel Fiévet, président actuel du Club a bien connu Jules Tacheny. Nous sommes en 1975 et pendant près d’un mois et demi, Michel vit quasiment jour et nuit dans la famille Tacheny pour préparer, avec le club d’Yvoir, les championnats du monde sur route de cyclisme où 43 nations sont représentées !

« Jules était un terrible fonceur. Sans cesse en activité, il avait tout le temps des idées, une imagination débordante. Il était terriblement exigeant avec tout le monde et nous devions nous débrouiller pour réaliser ses projets sans dépenser un franc !

Pour ce championnat du monde, nous avons dû improviser une tribune pour la presse en ameutant tous les fermiers du coin pour qu’ils apportent leurs plateaux de tracteur que nous avons assemblés tant bien que mal avec des chevrons.
Puis, il a fallu trouver des bâches, des vitres sur de vieux camions à la ferraille... Ah, il en imposait. Homme très sociable aussi, agréable et très charmeur, il savait prendre les gens par les sentiments et les convaincre avec des arguments de cœur.
Tout à fait atypique, il se promenait souvent les poches pleines d’amandes, de noix, de figues, même de boudin et de bicarbonate de soude ! Il adorait manger un sachet de frites sur son circuit !
Plus sérieusement, c’est quelqu’un qui voyait plus loin que les autres. On peut dire qu’il a tiré le club vers le haut. Le début des années 80, pourtant, a plutôt été synonyme de marasme. Moto cross et courses de vitesse n’avaient plus vraiment la cote. Les vedettes ne s’alignaient plus dans les courses locales, soit que leur contrat avec les usines le leur interdisait, soit que les primes demandées étaient devenues trop importantes. Il fallait trouver un nouveau « format ».
Quelque chose qui ne soit ni de la vitesse pure, ni du moto cross, mais qui attire les spectateurs. En 1987, trois ans après sa mort, le circuit a connu une évolution majeure lorsque nous avons créé le Superbiker.

Cela a été une bouffée d’oxygène pour notre club. Et puis, aujourd’hui, d’autres projets sont en passe de se réaliser. »