« Le mot sécurité nexistait pas dans les années 30 et 40, précise Didier. Les pilotes étaient de véritables trompe-la-mort ! Lorsque moi-même je courais, jai connu personnellement plusieurs pilotes qui se sont tués. Mais cétait la fin dune époque
heureusement désormais révolue. Aujourdhui, il existe un tel niveau de sécurité en course que les accidents graves sont devenus extrêmement rares ; en fait, bizarrement, on se tue plus vite sur la route que sur un circuit
En 1992, à la demande des pilotes de Grand Prix, jai créé une association qui avait pour objectif dêtre leur porte-parole dans le cadre des réunions avec la Fédération Motocycliste et les Organisateurs. Cette association existe toujours et cest encore le premier représentant des pilotes, Franco Unsini (ancien champion du monde italien sur 500 cc en 1982), qui participe aux réunions et incite les organisateurs de Grands Prix à plus de sécurité. Le sport moto a énormément évolué. »
« Je voue une réelle admiration pour ce précurseur de la vitesse, confie Joël Robert. Tacheny a été un très grand motocycliste qui, avec ses comparses de lépoque, pulvérisait littéralement de multiples records dont certains nont jamais été égalés jusquici !
Il fallait vraiment être mordu à cette époque-là, être à la fois un très grand pilote et un bon mécanicien pour se lancer sur des circuits
qui nen avaient que le nom. Cétait très dangereux et cela relevait véritablement de lexploit !
Grâce à tous ces pionniers, ce sport a connu des développements extraordinaires et on ne peut être quadmiratif. Personnellement, jai connu Jules Tacheny comme organisateur quand il était passé de lautre côté de la barrière : dabord dans les années cinquante, quand mon père courait à lépoque, et puis, à partir des années soixante, quand je participais au motocross des Bosseuses de Mettet. Il a beaucoup fait pour son circuit et grandement contribué pour la sécurité des pilotes et des spectateurs. Nous lui devons beaucoup ! »
« Jules était un terrible fonceur. Sans cesse en activité, il avait tout le temps des idées, une imagination débordante. Il était terriblement exigeant avec tout le monde et nous devions nous débrouiller pour réaliser ses projets sans dépenser un franc !
Pour ce championnat du monde, nous avons dû improviser une tribune pour la presse en ameutant tous les fermiers du coin pour quils apportent leurs plateaux de tracteur que nous avons assemblés tant bien que mal avec des chevrons.
Puis, il a fallu trouver des bâches, des vitres sur de vieux camions à la ferraille... Ah, il en imposait. Homme très sociable aussi, agréable et très charmeur, il savait prendre les gens par les sentiments et les convaincre avec des arguments de cur.
Tout à fait atypique, il se promenait souvent les poches pleines damandes, de noix, de figues, même de boudin et de bicarbonate de soude ! Il adorait manger un sachet de frites sur son circuit !
Plus sérieusement, cest quelquun qui voyait plus loin que les autres. On peut dire quil a tiré le club vers le haut. Le début des années 80, pourtant, a plutôt été synonyme de marasme. Moto cross et courses de vitesse navaient plus vraiment la cote. Les vedettes ne salignaient plus dans les courses locales, soit que leur contrat avec les usines le leur interdisait, soit que les primes demandées étaient devenues trop importantes. Il fallait trouver un nouveau « format ».
Quelque chose qui ne soit ni de la vitesse pure, ni du moto cross, mais qui attire les spectateurs. En 1987, trois ans après sa mort, le circuit a connu une évolution majeure
lorsque nous avons créé le Superbiker.
Cela a été une bouffée doxygène pour notre club. Et puis, aujourdhui, dautres projets sont en passe de se réaliser. »